Islam et intégration
Article publié dans le journal “Echo de Laval” le 10 mars 2011
Islam et intégration: «Nous voulons que nos jeunes s’intègrent à la société» -Bassam Derbas-
Karine Gafsi, Bassam Derbas et France Rioux de l ACL. (Photo Gabriel St-Jean)
De l’extérieur, l’Académie culturelle de Laval (ACL), une école privée fondée par une association musulmane, ressemble à n’importe quelle autre école primaire québécoise. Et de l’intérieur aussi.
L’ACL a été fondée par des membres de l’Association islamique des projets charitables (AIPC) en 2003, dans un édifice désaffecté qui appartenait à la Commission scolaire de Laval. Aujourd’hui, 150 élèves d’âge préscolaire et primaire, surtout musulmans, fréquentent les classes de l’institution.
«Nous offrons les mêmes matières que celles offertes dans les autres écoles primaires, explique Karine Gafsi, directrice de l’institution. Ce n’est pas différent d’ailleurs. Nous visons entre autres une qualité du français qui est excellente.»
«Il s’agit d’une école comme les autres, ajoute Bassam Derbas, président du conseil d’administration de l’ACL. Notre programme est conforme aux normes du ministère de l’Éducation, de A à Z.»
Dans l’académie du secteur Chomedey, les cours de langue arabe et l’enseignement religieux sont relégués au parascolaire. Il n’y a aucune obligation de suivre des cours sur l’Islam. Ici, plusieurs membres du personnel ne sont pas musulmans, et on enseigne le cours d’éthique et culture religieuse.
«Nous prônons l’intégration des jeunes dans la société, souligne M. Derbas. Nous voulons que nos enfants fassent partie de cette société accueillante, et deviennent les élites de demain. Nous voulons qu’ils soient des modèles d’intégration.»
Méfiance
France Rioux, conseillère pédagogique à l’ACL, est originaire de Trois-Pistoles, dans le Bas-Saint-Laurent. L’enseignante a beaucoup hésité avant d’offrir ses services à l’établissement, il y a quelques années, lorsqu’elle s’est établie dans la région de Montréal.
«À cause de tout ce qui est publié dans les médias, j’avais une certaine méfiance envers la communauté musulmane, raconte la conseillère. Tout ce qui est dit, ça peut nous faire peur à nous, les ‘‘Québécois’’. Par contre, au ministère, on m’a encouragé à poser ma candidature.»
Aujourd’hui, France Rioux est très satisfaite de son choix. «J’ai fait le bon geste. Je sens un immense respect de la part de mes collègues. Je regrette d’avoir eu ces préjugés», ajoute-t-elle.
Une charte conforme
En janvier, on apprenait dans le quotidien La Presse que la Commission consultative de l’enseignement privé avait rabroué l’Académie culturelle de Laval quelques jours avant Noël. Selon la commission, l’ACL, dont la charte relève directement de l’Association islamique des projets charitables, doit «clarifier son activité économique».
«Il reste des détails administratifs à régler, mais ce n’est rien de majeur, affirme Bassam Derbas. Nous avons communiqué avec le ministère et nous sommes prêts à acquiescer à toutes ses demandes. Nous voulons opérer notre école la tête haute.»
L’Académie Culturelle de Laval est située dans un ancien édifice de la Commission scolaire de Laval, à Chomedey. (Photo Gabriel St-Jean)
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